« Je te promets que je ne vais pas le lâcher… » Ce sont les derniers mots de Nilmar pour Lucie, sa meilleure amie, celle à qui il disait tout. Elle quitte donc ce monde avec tous ces secrets que personne ne pourra connaitre, ce n’est pas plus mal selon lui. Il n’est pas du genre à se confier, il préfère que les gens se confient à lui, il est une sorte de bande de données à secrets. Il a fait la promesse à Lucie de surveiller son mari, Ceylan qui a bien du mal à admettre que sa femme doit mourir en donnant naissance à son fils. C’est elle ou le bébé, elle a choisi le bébé réalisant ainsi son rêve d’être mère. Nilmar la connait depuis qu’il est tout gamin, ils avaient le même âge Lucie & lui, elle trainait tout le temps avec parce qu’il n’avait pas trop d’amis, il est du genre excentrique, il vit dans un monde à part, un monde ou tout doit aller bien. Peu de jeunes garçons élèvent une petite fille de 5 ans seuls. C’est ce que Nilmar a fait, il allait en cours, il laissait sa petite sœur à l’école et il allait travailler tous les soirs et tous les week-ends.
« Ceylan ? » Nilmar frappe à la porte du loft de celui-ci, pas de réponses. Il n’est pas au travail parce que sa voiture est sur le parking dehors. « Ne m’oblige pas à défoncer la porte ! » Cri Nilmar en tambourinant celle-ci. « DÉGAGES NILMAR ! » Au moins c’est une réponse. Nilmar sourit et essaye de crocheter la porte d’entrée avec une aiguille à coudre qu’il avait dans son portefeuille. Il se disait bien qu’un jour celle-ci allait servir. « Au moins, t’es vivant c’est déjà ça… » Dit simplement Nilmar concentré dans sa mission « ouverture de porte pour voir si Ceylan n’a pas descendu la bouteille de whisky. » Bartholomé est en voyage scolaire cette semaine donc Ceylan est seul. La mission du meilleur ami est donc de la plus haute importance. Un petit bruit se fait entendre, la porte s’ouvre. Nilmar entre et referme derrière lui. « Tu devrais changer de serrure, elle… » Pas le temps de finir sa phrase, il a un sacré spectacle devant lui. Des canettes de bières un peu partout, des bouteilles vides à côté du canapé. Ceylan est assis sur le canapé en train de fixer l’écran de la télé. « Quel bordel… Heureusement que Bartholomé n’est pas là… Il ne supporterait pas de voir son père dans cet état. Lucie ne supporterais pas non plus ! » Dit-il en fixant le neurochirurgien qui se lève d’un seul coup, s’approchant dangereusement de lui. « NE PARLE PAS D’ELLE ! » Hurle-t-il en renversant une bouteille. Son haleine bière/whisky/vodka se sent de loin. Sans peur, Nilmar le repousse sur le canapé ou il s’écroule comme une masse. Il va s’en doute passer la semaine avec lui afin de le surveiller un peu, ça fait 6 ans déjà.
« Je vais à Larissa... Je vais rejoindre Eléa. » lance simplement Ceylan à son meilleur ami qui manque de s'étouffer avec sa bière. « Et tu décides ça comme ça ? & Bartholomé, il en pense quoi, il n'a pas peur de quitter son école & ses amis ? » Réplique instantanément Nilmar, sans trop réfléchir aux conséquences. Il ne veut pas faire douter son meilleur ami, mais c'est précipité selon lui, certes, ils se connaissent depuis deux ans, mais rejoindre une femme à plus de mille kilomètres, c'est risqué. « Ne me fait pas douter s'il te plait, Bartholomé est tout ce qu'il y a de plus heureux, il veut visiter la Grèce, rencontrer de nouvelles personnes, apprendre une nouvelle culture, il a hâte de rencontrer Eléa... Moi aussi... » Finit-il par dire malgré son hésitation. Ceylan joue avec sa tasse de café et regarde le bout de ses doigts, il s'apprête à faire un immense pas en avant en allant voir Eléa, celle-ci ne se doute pas une seule seconde de le récupérer comme ça, dans cet état là, bien qu'il aille mieux, de mieux en mieux. Il reste détruit, il le sera sans doute toute sa vie parce qu'il trouve injuste ce qu'il s'est passé avec sa femme. « Je viendrais te voir, dès que ça va pas, tu m’appelles & je rapplique, j'ai toujours rêvé de visiter la Grèce, on ira faire de la moto si tu veux ! » Nilmar pose sa main sur le bras de son meilleur ami et le serre tout en fixant celui-ci dans les yeux, le prodiguant tout le courage qu'il a en lui. Il veut qu'il soit heureux, il doit le pousser à l'être.