Quand mes parents l'ont amené pour la première fois à la maison, je n'en croyais pas mes yeux. Il était sale, ses cheveux en bataille et beaucoup trop long pour un gars me répugnait ...Maigre comme jamais. Il me faisait légèrement peur. En plus, il ne parlait pas! Il était vraiment étrange, disons. Je craignais que dans la nuit il n'entre dans ma chambre pour me poignarder, si vous voulez tout savoir, tant il était bizarre! Je barricadais même ma porte à l'aide d'un meuble que je plaçais devant, pour être certaine qu'il ne puisse pas entrer ...Si vous l'aviez vu aussi, vous auriez agit pareil! À la table, lors des diners il ne parlait pas. Se contentait de manger en regardant son assiette. Je n'avais jamais vu un être aussi timide! Mon frère s'en amusait énormément à ses dépends et je n'aimais guère cela, alors je faisais tout pour tenter de le défendre ...jusqu'au jour où Matthias s'énerva et fini par parler en lui disant d'arrêter. Il s'en allait lui cogner un pain quand mon père l'en empêcha en le prenant avec lui et en le sermonnant, loin de nous. Seulement, il n'était pas le seul fautif dans l'histoire, et mon père l'avait très bien remarqué. Il avait donc puni mon frère pour ce qu'il avait fait et étrangement, depuis ce temps tout s'était replacé.

Matthias s'était sans doute senti comme faisant parti de la famille, en se faisant gronder ainsi, puisqu'il avait recommencé à parler et même, parfois, blaguait durant le diner. Il aidait ma mère à faire la vaisselle, chose que moi-même je ne faisais pas. Il faut dire que je devais garder mes mains intacte pour les photoshoots. Eh oui, je suis mannequin à temps perdu, et étudiante à l'université.

Malgré tout, j'ai toujours trouvé Matthias très secret. Parfois, il venait dans ma chambre pour discuter, mais il ne faisait que me faire parler et aussitôt que je lui posais une question plutôt personnelle, il changeait de conversation ou se mettait à rire pour faire semblant que tout allait bien ...mais je n'étais pas dupe. J'avais appris à le connaître malgré tout. Seul lui me voyait comme étant qui j'étais réellement. Il est vrai que je ne laissais pas ma place, disons. Je pouvais être une vrai tempête ambulante, quand je m'y mettais! Je pouvais lui péter des câbles, mais jamais il ne répliquais aussi fort que moi. Il tentait même par moment de me calmer, plutôt que de me fermer la porte violemment au nez. J'avais appris à l'apprécier, malgré tout ...et il comptait maintenant énormément pour moi.