Depuis maintenant quelques jours que mon chéri est à l'hôpital, dans ce lit froid et terne. Il est toujours aussi blanc, il ne reprend pas facilement son teint mat qui me plait tant! De plus, Matthy est toujours sous perfusion et relié à une machine qui vérifie son rythme cardiaque et je vous avoue que cela me fait encore peur. Je ne veux pas le perdre, je serais capable de tout pour lui, même de me battre contre cette jalousie maladive qui me tiraille. D'ailleurs, j'ai déjà fait un pas dans cette direction vu que j'ai téléphoné à Ailin pour la pévenir. Sans oublier, qu'elle est présente un peu tous les jours et je m'éclipse pendant ce temps où je me sens de trop! Je sais que je ne devrais pas réagir de la sorte mais pour ne pas faire trop de vagues, je préfère donc sortir, prétextant d'aller prendre une douche, de me changer, etc. Il y a toujours des excuses et elles sont faites pour s'en servir non? Il faut dire que je passe mes journées dans cette chambre d'hôpital, je mange avec mon chéri, je passe du temps à lui parler, à l'écouter, à lui raconter des bêtises pour le faire rire, mais lorsqu'il dort ou est parti pour un examen, j'en profite pour travailler sur mon prochain livre illustré pour enfants!

Mais aujourd'hui, c'est différent. En quoi? Bah je suis descendue, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai été au laboratoire pour connaitre les résultats de ma prise de sang. Je sais que j'aurais déjà pu y aller depuis deux jours, mais j'osais pas. J'avais peur de la réponse! Si c'est positif, je serai heureuse de prouver à mon chéri que je l'aime au point de lui donner un enfant, mais j'aurai bien peur, car on est ensemble depuis si peu de temps, on ne s connait pas comme on le devrait! Si c'est négatif, je vais être soulagée, car je ne devrai pas penser à l'avenir d'un petit être tout de suite, je ne devrai pas me soucier d'aller voir un médecin, de manger sain etc mais qu'est-ce que je serai déçue. Oui, je ne l'aurais jamais pensé mais je serai extrêmement déçue! C'est donc tremblante que je me rends au sous-sol et que je m'entends dire que .... ( vous le saurez tous en même temps que mon chéri mdr)

Je remonte donc dans sa chambre mais, avant d'entrer, je m'assois sur un banc à côté de sa porte. Je ferme les yeux, laissant ma tête se poser sur le mur derrière moi puis je respire lentement. J'ai besoin de prendre cette bouffée d'air avant de retourner le voir reliés à tous ses fils, à ses perfusions, ... Je ne supporte plus, je me sens toujours autant coupable de son état mais je ne lui dis rien, je fais semblant d'être bien, je dors à ses côtés, sur le petit fauteuil, je suis à ses petits soins mais en plus de faire cela par amour, je l'avoue, la culpabilité me pousse! Comment ais-je pu crier ainsi pour ses bêtises? Comment je n'ai pas vu qu'il était prêt à faire une crise? Pourquoi je ne me suis pas arrêtée plus tôt? Pourquoi je n'ai pas regardé la télé, et nous n'aurions pas plutôt passé une bonne soirée tous les deux, en amoureux? Non il faut toujours que j'en fasses trop! Envahies de questions et de doutes, je reste là, immobile un long moment avant d'entendre la porte s'ouvrir, j'ouvre donc les yeux pour voir une infirmière sortir de là. Elle me regarde et me sourie. Ok, je dois entrer, je dois lui donner le résultat! Lui, aussi doit savoir!

Je prends un énorme sourire et j'entre. Je le vois tendre la main pour atteindre la télécommande de la télévision. Je soupire et accourt à ses côtés lui disant C'est plus fort que toi mon amour, il faut que tu fasses tout tout seul! Je n'arrête pourtant pas de lui dire que je suis là pour lui, que je vais lui rendre la vie plus facile maintenant. Plus de crises, mais beaucoup de vérités et de sincérités! Il doit me faire confiance et je dois arrêter de me prendre la tête pour rien! Bon compromis vous ne trouvez pas? Mais au lieu de lui donner la télécommande, je la garde en main, je dois lui parler avant toute chose. Je lui prend la main, de ma main libre! Je lui caresse également du pouce, sentant sa peau si douce me fait chaud au coeur! Je lui dis donc J'ai été au laboratoire, pour mes résultats, tu sais pour... Enfin savoir si... Heureusement qu'il me dit oui de la tête car je ne m'en serais jamais sortie sans ça! Je continue alors en lui disant, posant mon regard dans le sien Je ne sais pas si tu vas être heureux, tout ce que je sais c'est que tu seras rassuré!

Mais nous sommes interrompu par un médecin qui vient pour l'examiner à nouveau. Je me recule donc, le laissant travailler plus à son aise. Je me mets jette juste un instant sur mon travail, je dois avancer, c'est impératif. Je jette par moment des coups d'oeil furtifs à mon chéri, je le vois si impatient de savoir la réponse et je meurs, moi aussi, d'envie de lui dire! Il me semble d'ailleurs que ce toubib passe trois heures pour de toutes petites choses de rien du tout!

Je me souvenais vaguement de tout ce qui s'était passé, avant et après ma crise cardiaque. Mila et moi étions là, dans la salle de bain, entrain de se disputer quand tout se déclencha. Cette douleur qui m'avait été affliger par contre, jamais je ne l'oublierai. Semblable à la première, mais celle-ci me parut beaucoup plus puissante que l'autre et pour cause. J'étais maintenant sur la liste des transplantations cardiaques. Chose qui Mila ignorait encore. Turner était venue me voir, accompagnée d'une infirmière pour m'en annoncer la nouvelle quand elle était partie. J'avais été sous le choc et même que j'avais versée quelques larmes en l'apprenant. C'était du sérieux, maintenant ...et je devais le dire à Mila. Chose réellement pas évidente à faire, surtout après ce qu'elle m'ait dit avant ma crise. Nous allions peut-être avoir un enfant ensemble! J'étais fébrile à l'idée de le savoir, mais inquiet à la fois. Si je devenais réellement papa? Bien sur, j'allais être ravi mais une partie de moi aurait extrêmement peur pour l'avenir. Une transplantation cardiaque comporte beaucoup de risque ...et si je venais à mourir?

Turner avait quittée la pièce bien avant l'infirmière car elle avait reçue un appel d'urgence, et celle-ci restai pour m'écouter parler un peu. Heureusement qu'elle était là, puisque je devais reprendre rapidement mes esprits avant que Mila ne revienne. Elle fini par doucement me rassurer et quittai la pièce une fois que j'eus retrouver mon calme et ma presque sérénité. J'essuyai ensuite rapidement mes larmes, prit une grande inspiration et tendit ma main vers la télécommande afin de l'attraper mais elle se trouvait hélas trop loin. Je commençai peu à peu à m'essouffler quand Mila arrivai dans la pièce en saisissant la télécommande et me dit «C'est plus fort que toi mon amour, il faut que tu fasses tout tout seul!» J'accotai alors ma tête sur l'oreiller en riant doucement et dit «Je sais, pardonnes moi ...» Pourtant, ce n'était pas comme si elle ne m'avait jamais disputé depuis mon réveil, pour ce genre de chose! Elle me disait à chaque jours qu'elle serait là, à mes petits soins ...mais moi, tête de mule, je m'entêtais toujours à tenter de m'arranger seul et ce, malgré les avis de mes médecins qui m’interdisait de bouger. J'étais supposé être au repos t-o-t-a-l. Point barre. Cependant, j'avais toujours été légèrement hyper actif ...Même malade.

Lorsque je senti sa main prendre la mienne pour la caresser doucement, je compris immédiatement ce qu'elle était allée faire. Elle confirmai mes pensées en disant «J'ai été au laboratoire, pour mes résultats, tu sais pour... Enfin savoir si...» et je hochai de la tête pour lui démontrer que j'avais compris où elle voulait en venir. Elle plongea alors son regard dans le miens en disant «Je ne sais pas si tu vas être heureux, tout ce que je sais c'est que tu seras rassuré!» Rassuré? Je fronçai les sourcils, en demandant plus mais à ce moment, un médecin ouvrit la porte pour se diriger vers mon lit. Mila se reculai alors pour laisser la place à celui-ci et mais j'avais du mal à me concentrer. Rassuré??? Je remarquai à peine quand le docteur m'ausculta en prenant de nombreuses notes sur son calepin. Il me demandai si j'avais eu des douleurs depuis les dernières heures et d'un hochement de tête, je répondis ensuite de vive voix «Non ...non ...» Tout ce que je voulais était qu'il quitte la pièce pour que je puisse savoir la suite des évènements. Il semblai par contre s'attarder sur mon cas et je dus obéir à ses demandes pour qu'enfin il quitte la chambre en refermant la porte derrière lui.

Les yeux ronds comme des billes, je tendis ma main à Mila pour qu'elle l'attrape, et tassai mes fesses afin de lui faire de la place à mes côtés, dans le lit. Je la voulais aussi proche de moi que possible. J'en avais besoin. Serrant sa main un peu plus fort, je la portai à ma bouche lentement en lui déposant un doux baiser dessus et lui dit d'une voix rassurante «Je t'écoute Mila ...N'ait pas peur ...» mais ...je devais sans doute être le plus terrifié des deux, dans cette pièce, pour le moment!

Si elle était enceinte, je lui cacherai le fait que je sois sur une liste d'attente pour un nouveau coeur. Les risques qu'elle perdre le bébé après cette annonce était trop grands. Je ne voulais pas l'inquiéter encore plus qu'il ne fallait. J'allais finalement me taire pour son bien ...Tandis que si elle n'était pas enceinte, je lui dirai ...Sans d'autre choix. Elle avait droit de connaître la vérité ...mais encore une fois, cette façon d'agir me mènerait à lui mentir, à lui cacher quelque chose ...Une des raisons pour lesquelles on s'était disputé avant cette crise. J'allais être dans de beaux draps si elle venait à l'apprendre ...Dans les deux cas, j'étais coincé.